L’église de Kédange est ce que l’on appelle une église grange, remontant à 1760 ; seul le clocher a été conservé de l’église précédente.
En séance de Quasimodo du 19 avril 1868, le conseil de fabrique envisage l’achat d’un orgue pour l’église paroissiale qui n’avait pas d’instrument. Après de mûres réflexions, il est décidé que jusqu’à la réalisation de ce projet, le conseil de fabrique n’assurera plus que les dépenses courantes nécessaires pour la célébration du culte et que l’excédent des ressources de chaque année sera épargné, pour financer le projet.
Grâce à un secours de la commune et des dons de paroissiens pour un montant d’environ 800 francs, la paroisse a pu construire une tribune située au-dessus de l’entrée dès 1868.
Il faut patienter dix ans avant de voir la tribune s’orner d’un orgue. Vue le mauvais état de l’église et du presbytère, des travaux urgents sont nécessaires. Cela est chose faite en 1878 : « grâce à la bonne volonté du conseil municipal et à la générosité des habitants, l’église est complètement restaurée et embellie ainsi que le presbytère ».
Le conseil de fabrique, en janvier 1878, adopte en vue de l’achat de l’orgue, un devis de 4000 francs proposé par M. WERSCHNEIDER, facteur d’orgue à Puttelange, considérant que « depuis de longues années déjà on a construit une tribune et cela à grand frais, dans le but d’y faire poser un jeu d’orgue » et que l’ensemble de la paroisse souhaite un jeu d’orgue.
L’approbation épiscopale du 15 mars 1878 permit au conseil de fabrique à sa réunion suivante de commander l’orgue. Celui-ci a été posé à la fin de l’année 1878.
M. VERSCHNEIDER livra à Kédange un orgue de 16 jeux, avec sommiers et mécanismes neuf, mais le buffet et une partie de la tuyauterie remontaient au début du XVIIIe siècle. La correspondance des dates peut laisser penser que le buffet installé par M. WERSCHNEIDER à Kédange ne serait que l’orgue MOUCHEREL provenant de l’abbaye de Bouzonville. En effet, la paroisse de Bouzonville a vendu vers 1877 ses orgues « qui par leur origine remontent à plus d’un siècle » et dont les facteurs d’orgue consultés avaient « reconnu que toute restauration était devenue impossible et n’aurait d’autre résultat que d’imposer une grande dépense sans pouvoir rendre l’instrument meilleur ». C’est M. WERSCHNEIDER qui a été choisi pour la construction à Bouzonville d’un grand orgue entièrement neuf de 26 jeux sur 3 claviers et pédale, livré au début de l’année 1878. Il est permis de penser qu’il reprit les débris du vieil orgue pour les réutiliser à Kédange. Cette réutilisation peut expliquer la modique somme de 4000 francs pour un instrument de 16 jeux sur 2 claviers et d’un certain nombre d’éléments existants (buffet, tuyauterie).
Nous serions en présence des vestiges du tout premier instrument de Christophe MOUCHEREL, auteur des orgues des cathédrales d’Albi et de Narbonne.
Au fil du temps, des réparations, des entretiens et des modifications ont été apportés à l’instrument. De menues réparations furent effectuées en 1811, 1885 et 1887. Puis l’instrument fut jugé vétuste et le conseil de fabrique décida, lors de la séance de Quasimodo de 1911, de faire pneumatisé la traction de l’orgue par Frantz STAUD, pour une dépense totale de 1200 Mk.
Les 72 tuyaux de façade pesant 132kg d’étain sont démontés le 30 août 1917 sur réquisition des autorités Allemandes. C’est Frédéric HAERPFER qui les remplaça en février 1939 pour la somme de 9040 francs. En 1922, M. HAERPFER, prévoyait l’installation d’une soufflerie électrique. Elle ne fut installée que plus tard. Une petite réparation fut effectuée en 1921, par André GUEBEL, pour 121 francs. Un ventilateur électrique fut posé en 1931, pour 2801 francs. Vers 1940, M. HAERPFER proposa d’étendre à 30 notes la pédale, par l’ajout d’un sommier supplémentaire, et de doter les tuyaux bouchés de calottes mobiles, mais rien de cela ne se fit. Les quelques dommages de guerre furent réparés dès 1946, pour 10000 francs et en 1947, pour 72100 francs, par la maison HAERPFER-ERMANN.
Conservé à peu de choses près dans l’état de WERSCHNEIDER, l’orgue de Kédange sur Canner renferme une quantité de tuyaux attribuable à MOUCHEREL.
Le buffet : Les boiseries de Kédange, dont les deux corps richement sculptés proviennent de toute évidence du même instrument, remontent en grande partie au début du XVIIIe siècle et peuvent tout à fait être attribuées à Christophe MOUCHEREL. Bien que transformé au siècle dernier, en particulier au niveau du soubassement, cet ensemble a conservé la plus grande partie de ces ornements.
Puis l’entretien ne fut plus assuré et l’orgue peu à peu a «été gagné par le mutisme et laissé à l’abandon au début des années soixante ». Ce n’est que trente ans plus tard que la valeur de l’instrument a été reconnue et que l’association des Amis de l’Orgue fut fondée ; grâce à son action, l’instrument et le buffet sont inscrits à l’inventaire supplémentaire le 11 juin 1996.
L’action de l’association a permis de remettre en état l’orgue de Kédange, en menant des actions pour financer les travaux, en instruisant des dossiers auprès des différentes administrations Nationales et Locales. La restauration de l’orgue a été confiée au facteur d’orgue Christian LUTZ à DANGOLSHEIM (67). C’est en juin 2005, que l’orgue a repris du service après plus de trente ans de silence.